1- Qui êtes vous ?



Je suis Mushiya Kabeya, j’habite entre la République Démocratique du Congo et la France. Je suis diplômée d’un Master 2 en Management International des Organisations, et j’ai une expérience en événementiel et project management. Depuis 8 ans en RDC, je travaille dans la communication, l’évènementiel, et je me suis spécialisée en RSE, la Responsabilité Sociétale des Entreprises, et des individus.
2- Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre ?
De nature indépendante et créative, j’ai décidé d’entreprendre en RDC car l’emploi n’y existe pas vraiment. Dans ce magnifique pays qui compte environ 80 millions d’habitants, environ 80% de la jeunesse est au chômage ou dans l’informel. Alors, soit tu crées ton propre emploi et celui des autres, sois tu passes tes journées au Nganda (bar en lingala) !
3- Comment avez-vous eu votre idée ?
J’ai décidé de créer mon agence événementielle puisqu’autrefois le Congo accueillait les plus grandes rencontres d’Afrique et du monde, comme le combat Mohamed Ali contre Foreman. Notre pays regorge de ressources naturelles et humaines sous-exploitées, d’excellentes opportunités d’affaires, donc je me suis focalisée sur la création d’événement BtoB. Mon idée a été de me constituer en agence de consultance, pour créer et développer des concepts de grands évènements corporates. En gros, j’ai acquis une formation et des compétences en Europe, et mon idée d’entreprise dépendait du fait que je souhaitais mettre mes compétences à la disposition de mon pays.
4- Quelle est votre activité ?
Depuis 8 ans d’activité au Congo, mon activité tourne essentiellement autour de l’évènementiel et la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE ). Une activité très diversifiée qui me permet d’aborder les nombreux secteurs et opportunités de développement autour de la femme, l’agriculture, le numérique, les mines, l’industrie, le capital humain, l’entreprenariat, etc. Ce qui est passionnant, c’est qu’en se rencontrant, en échangeant, on crée déjà du développement ! Je crée des évènements et des programmes, et j’offre mes services pour développer les projets de mes clients, car je pense qu’en unissant nos forces, nous pourrons aller plus vite et plus loin.
Actuellement, j’ai créé une chaîne de solidarité citoyenne WATCH & ACT, depuis l’avènement de la crise Covid-19 en RDC. Un réseau connecté qui observe, propose et agit, une communauté économique. En Afrique, on a tendance à mystifier la politique, en pensant que tout viendra des politiciens. Alors que ce sont plutôt les individus, les entrepreneurs, les jeunes, les femmes, les opérateurs qui peuvent réaliser le développement et la résilience. Watch & Act crée un espace de discussion, de promotion et d’interaction des actions de chacun.
5- Quelles sont les personnes / structures qui vous ont aidé ?
Mes mentors, les personnes qui m’ont inspiré, m’ont fait confiance, et m’ont énormément appris comme Nicole Sulu, Didier Mpambia, Léopold Bosekota. Les réseaux d’affaires comme Makutano, Ypard. Et la nouvelle pensée noire qui a boosté mon mental, comme Fatou Diome, Kemi Seba, Claudy Siar, Oprah Winfrey, T. D. Jakes, et tant d’autres…
J’aimerais pouvoir dire que les banques m’ont aidé, mais non. Le système bancaire en place, majoritairement tenus par des capitaux étrangers, ne prêtent qu’aux grands et aux riches qui ont des garanties. Alors que le développement inclusif tient sur les micros, petits et moyens entrepreneurs, qui ont un juteux potentiel devant eux, mais qui sont pour la plupart pauvres ou partant de zéro. Il est important de développer des moyens financiers innovants comme le business angel, le private equity, le mobile banking, le trading régional, la tontine vertueuse, le patrimoine familial, la restitution de la corruption, les fondations des artistes et sportifs congolais, les fortunes congolaises en général, etc…
6- Quel est votre principal atout ou force ?
Mon principal atout est que je suis une idéaliste jusqu’au-boutiste, lool. Je rêve d’un monde meilleur, je nous y vois déjà, je saute le pas, je travaille d’arrache-pied, en essayant d’entraîner les autres, avec une passion pour ma culture, mon peuple, mon continent. Je crois fortement en Dieu, et en la phrase « aides-toi, et le ciel t’aidera ». Malgré ma culture globale, je suis fièrement ancrée dans ma identité congolaise, et nos aînés nous ont dit « n’attends pas ce que le Congo peut te donner, mais toi, que peux-tu apporter au Congo ? ».
Ainsi j’ai créé et/ou développé des concepts d’évènements tels que la Fête de la Femme Active, Katanga Business Meeting, Makutano, Festival International du Rire de Kolwezi, la rencontre annuelle de santé AFMED, Congo Na Paris, Agri-Transport Expo, WIM Woman in Mining, j’œuvre à Lubumbashi, Kinshasa, Kolwezi, à Paris, etc…
7- Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontré ?
Le climat des affaires, la même problématique au Congo que dans le continent africain en général.
Les initiatives de l’entreprenariat dans mon pays souffrent de la mauvaise gouvernance politico-économique. Les dirigeants et les institutions sont souvent inadaptés, ou incompétents, ou inactifs, ou même destructeurs du fait d’une corruption élevée. Pour contre-exemple et modèle, nous pouvons prendre /un pays comme Dubaï, qui a misé sur une machine administrative quasi-parfaitement huilée, qui a attiré, favorisé et sécurisé les investissements en tous genres, pour développer un désert en paradis, en 25 ans !
Chez nous les administrations et les personnes qui sont censées nous informer, nous encourager, nous accompagner, nous donner des solutions, sont celles-là même qui coincent et rackettent les entreprises. En RDC, un travail est fait pour lutter contre la corruption, mais nous ne sentons pas encore une volonté de restructurer l’administration, la machine, le système.
8- Quels sont vos prochaines étapes ou prochains projets (recrutement, financement, accroître des ventes, lancement produit…) ? Avez-vous des besoins ? Si oui précisez ?
Ma prochaine étape est de renforcer la structure de mon entreprise, en prévision d’une relance ou une reprise économique post Covid 19. Mon projet est de poursuivre le travail de vulgarisation de la RSE en RD Congo. Cela me permettra de signer plus de contrats avec des petites et grandes entreprises responsables, qui veulent agir, réaliser des projets innovants. Ma vision est de contribuer à faire que la RDC soit un bon élève en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises, afin que le peuple congolais bénéficie enfin des retombées de la richesse des entreprises, un potentiel de développement énorme.
9- Quelles sont les selon vous les qualités d’un bon entrepreneur ?
Au-delà des qualités, je vais énumérer des pistes du nouveau paradigme africain que la jeunesse entrepreneuse devrait savoir :
Être résilient, voir la pauvreté comme une opportunité.
Think outside the box, créer de l’imaginaire, créer ce qui n’existait pas avant, car on a des défis qui dépassent les normes de l’Histoire.
Être disruptif, car l’africain est le premier blocage de l’Afrique, il faut innover pour changer les choses.
Investir dans le développement du capital humain, en considérant que pour mon intérêt personnel, je suis obligé de développer l’intérêt collectif, pour réussir mon business, je suis obligé de développer les compétences de mes collaborateurs.
Ne pas avoir peur du négatif, attendez-vous à l’échec, aux ruptures, aux tracasseries, aux blocages, à devoir tout changer ou recommencer, l’environnement est rude, mais la vraie force c’est de surmonter, survivre l’organisation, et impacter le système.
10- Bonus : Un sujet, une anecdote ou autre chose à partager ?
Mon dernier coup de cœur, Black is King de Beyonce. Cette artiste explique à un petit garçon noir en quoi il est royal, de par sa culture et son histoire. Une œuvre negro-historico-identitaire, un clin d’œil à une caractéristique de chaque pays et île, une fierté de la peau noire dans le monde entier ! À montrer à un maximum d’enfants noirs dans le monde.
On comprend qu’un retour sur la grandeur de notre identité est un passage obligé pour retrouver la grandeur de notre économie.
Contacts
Lubumbashi, Kinshasa, Kolwezi, Paris
RD Congo, France
@mushiyakabeya sur Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn
Page Facebook – Watch and Act – RDC contre Coronavirus
Way to go Sister! Keep up the good work.👏🏽
Je suis très ravi de lire cet article et Remercie MUSHIYA pour ce partage combien enrichissant.
Je vis à Lubumbashi et l’ai rencontré à un évènement de MUSAL et désirerai un partage car j’entreprends dans l’événementiel…
Go girl . …really proud of you. and keep it up ..
Très réjoui de lire cet article 😃